
Impacts sociaux
En 2018, malgré des indicateurs économiques favorables et un faible taux de chômage, les banques alimentaires québécoises ont reçu mensuellement 1,9 million de demandes d’aide alimentaire d’urgence. Alors que de nombreux Québécois vivent de l’insécurité alimentaire, la firme Solinov1http://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/valorisation/Portrait-gisement-residus-organiques-industrie-agroalimentaire.pdf, 2014 a estimé à 300 000 tonnes la nourriture gaspillée dans les magasins en alimentation. Or, la quantité d’aliments recueillis par les organismes de bienfaisance est évaluée à 30 000 tonnes par an2http://www.environnement.gouv.qc.ca/matieres/valorisation/Portrait-gisement-residus-organiques-industrie-agroalimentaire.pdf, 2014. Les 270 000 autres tonnes d’aliments jetés pourraient remplir de nombreux autres paniers de dons nécessaires aux organismes de bienfaisance.
Plusieurs initiatives existent pour redistribuer ces denrées vers les organismes œuvrant en sécurité alimentaire, mais le manque de ressources auquel ils font face les empêche d’élargir leurs actions et de répondre aux besoins sur tous les territoires.
À plus grande échelle, ce sont 800 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde alors qu’un tiers de la production alimentaire mondiale est gaspillée3Organisation des Nations Unies, Seeking end to loss and waste of food along production chain. Malheureusement, le réchauffement climatique fera accroitre l’insécurité alimentaire partout sur la planète en raison du déclin des rendements agricoles et de la hausse des prix des aliments4Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (2019), Climate change and land. Toutefois, il est estimé que seul le quart de toute la nourriture jetée pourrait éradiquer la faim dans le monde5Organisation des Nations Unies, Seeking end to loss and waste of food along production chain.
Impacts environnementaux
Avant d’arriver à notre assiette, nos aliments ont mobilisé énormément de ressources!
- Les engrais utilisés en agriculture sont à base de pétrole;
- La machinerie agricole fonctionne au diesel;
- L’eau est utilisée en très grande quantité pour arroser les cultures;
- Les bâtiments d’élevage et d’entreposage ainsi que les serres sont souvent chauffées et climatisées au mazout ou au gaz naturel;
- Les aliments sont transportés sur des milliers de kilomètres par bateau, par camion ou pire, par avion. Parfois les trois!Sans oublier les emballages souvent composés de pétrole (plastique).
Notre alimentation est somme toute très énergivore. De plus, lorsque la nourriture gaspillée se décompose dans les sites d’enfouissement, elle émet du méthane, un gaz 25 fois plus puissant que le gaz carbonique en potentiel de réchauffement global. En fait, si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le 3e plus gros producteur de gaz à effet de serre, après la Chine et les États-Unis6Organisation des Nations Unies (2013). The Food Wastage Footprint, Impacts on natural resources!
Produire la nourriture qui sera jetée gaspille annuellement 1,4 milliard d’hectares de terres agricoles. Cela équivaut à la superficie de toutes les terres agricoles du Canada et de l’Union européenne combinées7Organisation des Nations Unies (2011). Global food losses and food waste – Extent, causes and prevention. C’est un enjeu très important parce qu’afin de nourrir les 9 milliards de personnes présentes en 2050, des forêts continueront d’être transformées en terres pour cultiver de la nourriture pour le bétail et, en moindre partie, des végétaux consommés directement par les humains. Ce gaspillage de terres participe grandement à la déforestation et au déclin de la biodiversité.


Impacts économiques
Ce sont en partie les impôts du contribuable qui payent pour le traitement des déchets alimentaires. De plus, le coût des stocks invendus, pertes pour les commerces, se répercute sur le prix des aliments vendus. Le client paye non seulement pour les aliments qu’il achète, mais en partie pour les aliments rejetés ou gaspillés par les différents acteurs de l’industrie.
La perte financière liée au gaspillage alimentaire, sur toute la chaîne agroalimentaire au Canada, est évaluée à 31 milliards de dollars par an8Gooch, M.V. & Felfel, A. (2014). $27 billion’ revisited: The cost of Canada’s annual food waste. Ce montant représente une somme plus élevée que le PIB des 32 pays les plus pauvres additionnés ensemble.
Pour leur part, les consommateurs gaspillent eux-mêmes leur argent en jetant les aliments qu’ils ont achetés. Sauve ta bouffe estime que les ménages québécois perdent de 1000 $ à 1785 $ par année en gaspillant la nourriture qu’ils ont achetée. Cela équivaut à une perte de 20 $ à 34 $ par semaine.